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Abstract

Le présent rapport met en lumière les prestations de chômage et de revenu minimum pour les personnes en âge de travailler. Les personnes disposant de peu d’expérience professionnelle ou n’ayant jamais travaillé (principalement les jeunes), les travailleurs indépendants ou atypiques et les chômeurs de longue durée n’ont souvent pas droit aux allocations de chômage de niveau supérieur, ou n’ont aucun droit en la matière. Aucun État membre n’a été identifié dans lequel plus de 80 % des personnes ayant droit à des prestations de revenu minimum en bénéficient effectivement. Les bénéficiaires de prestations les plus susceptibles d’avoir un revenu insuffisant sont ceux ne disposant pas d’accès à un logement social dans les régions où le coût du logement est élevé, les chômeurs dont l’emploi le plus récent était faiblement rémunéré et les chômeurs de longue durée. Le rapport étudie également les refus de demandes (généralement, environ 30 % des demandes sont refusées), la numérisation des processus de demande (plus fréquente pour les allocations de chômage), les exigences en matière d’activation professionnelle (en général, 1 % à 6 % des bénéficiaires de prestations sont sanctionnés chaque année pour ne pas avoir respecté les exigences en matière d’activité professionnelle) et l’accès aux services.

Key messages

  • Les prestations sociales ont permis de réduire de moitié le nombre de personnes exposées au risque de pauvreté dans l’UE, les taux étant passés de 31 % à 15,5 %chez les personnes âgées de 16 à 64 ans. Les femmes dépendent davantage des prestation de revenu minimum et, bien que les bénéficiaires des allocations de chômage soient plus souvent des hommes, au cours de la dernière décennie, les femmes sont devenues majoritaires parmi les bénéficiaires dans au moins quatre États membres.
     
  • Environ deux tiers des chômeurs de l’UE ne perçoivent pas de prestations, souvent parce que les exigences en matière de durée de l’emploi ne sont pas remplies ou parce que leurs droits aux prestations ont expiré. Plus de la moitié (54 %) des personnes exposées au risque de pauvreté avant prestations ne bénéficient d’aucune aide financière, telles que le revenu minimum ou les allocations d’invalidité ou de chômage.
     
  • Aucun État membre n’a été identifié dans lequel plus de 80 % des personnes ayant droit à des prestations de revenu minimum en bénéficient effectivement. En outre, aucun État membre n’autorise une indemnisation rétroactive des personnes n’ayant pas eu recours aux prestations de revenu minimum et au moins 10 % de l’ensemble des demandes en la matière sont rejetées, mettant en évidence des problèmes d’inefficacité et d’inefficience.
     
  • L’adéquation entre le revenu minimum et les allocations de chômage varie en fonction des montants, des autres droits pécuniaires et en nature et des différents besoins des personnes. Les bénéficiaires les plus exposés au risque d’insuffisance de revenus sont les personnes ayant des problèmes de santé ou des handicaps, les parents isolés, les familles nombreuses, les personnes confrontées à des coûts de logement élevés et les chômeurs de longue durée.
     
  • À l’exception de trois États membres, les demandes relatives au revenu minimum et, plus souvent, aux allocations de chômage peuvent généralement être réalisées en ligne. Si les demandes en ligne contribuent à améliorer l’accès, elles risquent également de créer des inégalités entre ceux qui peuvent y accéder et ceux qui ne le peuvent pas, et de réduire les possibilités de soutien en face à face. 

Executive summary

La protection sociale comprend divers droits pécuniaires et en nature. Le présent rapport met en lumière les prestations de chômage et de revenu minimum pour les personnes en âge de travailler. Il s’agit notamment des prestations de chômage de niveau inférieur dans les 12 États membres où elles existent, pour les personnes dont les prestations de niveau supérieur ont expiré ou qui n’y ont pas droit. Ces prestations amortissent les baisses de revenus dues au chômage et garantissent un niveau de revenu supérieur à un certain minimum. Le rapport présente les disparités en matière de couverture, le non-recours et l’inadéquation des prestations, ainsi que la manière dont ces dernières dépendent des droits et de l’accès aux services. Il examine les procédures de demande en ligne, les rejets de demande, les incitations ou pénalités financières liées au retour à l’emploi ou à la formation des bénéficiaires, ainsi que les caractéristiques de ces derniers.
 

Contexte politique

Le traité sur l’Union européenne confirme l’attachement des États membres aux droits sociaux fondamentaux définis dans la Charte sociale européenne, y compris l’amélioration de la sécurité sociale et la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Les objectifs du plan d’action sur le socle européen des droits sociaux de 2021, qui doivent être atteints d’ici à 2030, sont notamment les suivants: «[t]le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale devrait être réduit d’au moins 15 millions» et «au moins 78 % de la population âgée de 20 à 64 ans devrait avoir un emploi». La recommandation du Conseil de 2019 relative à l’accès des travailleurs salariés et non-salariés à la protection sociale recommande que les États membres fournissent à tous les travailleurs et aux travailleurs indépendants un accès à une protection sociale adéquate. La recommandation de 2023 sur un revenu minimum adéquat garantissant l’inclusion active invite les États membres à moderniser les régimes de revenu minimum. Le groupe de haut niveau de 2021 sur l’avenir de la protection sociale et de l’État-providence dans l’UE met l’accent sur le lien entre les prestations pécuniaires et l’accès aux services, en plaidant en faveur d’une approche d’investissement social.
 

Principales conclusions

  • Les prestations sociales réduisent de moitié la proportion de personnes âgées de 16 à 64 ans exposées au risque de pauvreté dans l’UE, passant de 31 % (après impôts et avant transferts) à 15,5 % (après impôts et transferts).
     
  • Dans l’ensemble, environ deux tiers des chômeurs sont laissés sans prestations ni aucune assistance, cette proportion variant de moins de la moitié des chômeurs dans quatre États membres à au moins trois quarts des chômeurs dans 16 États membres. Les personnes disposant de peu d’expérience professionnelle ou n’ayant jamais travaillé (principalement les jeunes), les travailleurs indépendants ou atypiques et les chômeurs de longue durée n’ont souvent pas droit aux allocations de chômage de niveau supérieur, ou n’ont aucun droit en la matière.
     
  • Pour les prestations de chômage de niveau supérieur, les périodes de cotisation requises vont de six mois ou moins dans six États membres à deux ans dans trois États membres. La durée minimale de la prestation après deux ans de cotisation varie de cinq mois ou moins (dans huit États membres) à au moins neuf mois (dans dix États membres).
     
  • Les groupes confrontés à des lacunes en matière de revenu minimum comprennent les ménages à faibles revenus ou disposant d’un patrimoine (logement dont la valeur a augmenté) supérieur au seuil d’admissibilité, les groupes de non-nationaux (ressortissants de pays tiers titulaires d’un permis de séjour temporaire, citoyens de l’UE à la recherche d’un emploi) et les sans-abri.
     
  • Aucun État membre n’a été identifié dans lequel plus de 80 % des personnes ayant droit à des prestations de revenu minimum en bénéficient effectivement. Le taux de non-recours semble moins élevé pour les allocations de chômage de niveau supérieur.
     
  • L’approche proactive adoptée par les autorités pour rechercher les paiements excédentaires contraste avec leurs efforts visant à identifier les non-bénéficiaires qui auraient droit à des prestations s’ils devaient en faire la demande.
     
  • La proportion des revenus antérieurs versée sous forme d’allocations de chômage varie de 50 % à 90 %. Dans 15 États membres, ce montant diminue au fil du temps. Plusieurs pays ont accéléré ces diminutions depuis 2023. Les montants versés sont plafonnés à moins de 60 % du salaire national moyen dans près de la moitié des États membres. L’indexation automatique est appliquée dans 15 États membres pour l’allocation de revenu minimum et dans 8 États membres pour l’allocation de chômage.
     
  • Au moins 10 % des demandes d’allocations de revenu minimum et d’allocations de chômage ont été refusées pour la quasi-totalité des régimes recensés, généralement parce que le demandeur ne remplissait pas les conditions de ressources ou de revenus ou parce qu’il ne disposait pas des documents adéquats.
     
  • Le revenu minimum et, plus souvent, les allocations de chômage peuvent être demandés en ligne, sauf dans trois États membres. Si la possibilité de réaliser des demandes en personne reste généralement disponible, des exemples ont été recensés pour lesquels certaines étapes se font exclusivement en ligne.
     
  • La réalisation de demandes en ligne pose des défis, en particulier pour les groupes de personnes plus âgées, handicapées, ayant un faible niveau d’instruction ou de faibles revenus, sans-abri ou vivant dans des zones rurales et qui éprouvent des difficultés à accéder à l’internet.
     
  • Chaque année, entre 1 % et 6 % des bénéficiaires de prestations se voient infliger des sanctions en raison du non-respect des exigences liées à l’activité, telles que la participation à une formation.
     
  • Les personnes vivant dans des ménages composés d’un seul adulte, les femmes et les ressortissants de pays tiers sont surreprésentés parmi les bénéficiaires d’allocations de revenu minimum. Les bénéficiaires d’allocations de chômage sont plus souvent des nationaux et des hommes, mais au cours de la dernière décennie, les femmes sont devenues majoritaires en la matière dans plusieurs États membres. Certains pays ont observé simultanément une augmentation de la durée de perception des prestations et une diminution du nombre de bénéficiaires.
     

Orientations politiques

  • Afin de garantir un niveau de vie de base et de renforcer l’inclusion sociale et les perspectives d’emploi, la protection sociale devrait aller au-delà du simple fait de permettre la subsistance. Pour y parvenir, et pour répondre aux différents besoins, l’accès aux services de soutien est essentiel.
     
  • L’indexation automatique peut empêcher l’érosion de l’adéquation des revenus, en particulier pour les régimes de revenu minimum dont les personnes ont tendance à dépendre plus longtemps.  Ceci est également important du point de vue de l’égalité hommes-femmes, car ces dernières sont surreprésentées parmi les bénéficiaires. L’indexation doit pouvoir répondre aux variations soudaines de l’inflation et tenir compte du fait que l’inflation à laquelle sont confrontés les ménages à faibles revenus peut dépasser les indices généraux des prix à la consommation.
     
  • Les systèmes de prestations complexes nécessitent des investissements considérables dans la fourniture d’informations et augmentent les taux de refus et de non-recours. Il est possible d’y remédier en étudiant les raisons des refus et en élargissant la couverture en rendant les critères d’admissibilité plus faciles à comprendre et à automatiser.
     
  • La possibilité de réaliser des demandes en ligne permet d’améliorer l’accès aux prestations, mais elle crée des inégalités et réduit les interactions en face à face afin d’identifier les besoins. Pour y remédier, il convient d’explorer des moyens innovants d’impliquer les demandeurs par voie numérique, et les ressources libérées par la numérisation peuvent être utilisées pour améliorer l’accès des groupes exclus du numérique.
     
  • Les incitations à «épuiser» les droits à l’allocation de chômage avant d’accepter un emploi devraient être réduites en augmentant la flexibilité, par exemple en veillant à ce que les allocations de chômage restantes puissent être conservées pour des périodes de chômage ultérieures.

The report contains the following lists of tables and figures.

List of tables

  • Table 1: Longer-term (higher-tier) unemployment benefits for older people
  • Table 2: Minimum income non-take-up estimates, EU
  • Table 3: Higher-tier unemployment benefits: replacement rates, decreases over time, and caps, 2024
  • Table 4: Member States with automatic indexation of unemployment and minimum income benefits, by indexation basis, 2024
  • Table 5: Rejection of benefit applications, 2022
  • Table 6: Sanctions imposed on benefit recipients for not adhering to activation measures, 2022
  • Table 7: Higher-tier unemployment benefit recipients (2012 and 2022), by gender and nationality, average per month in Member States for which administrative data were obtained, 2022
  • Table 8: Minimum income benefit recipients (2012 and 2022), by gender and nationality, average per month in Member States for which administrative data were obtained, 2022
     
  • Table A1: Higher-tier unemployment benefits, 2024
  • Table A2: Lower-tier unemployment benefits, 2024
  • Table A3: Minimum income benefits, 2024
  • Table A4: National correspondents who contributed to the report 
     

List of figures

  • Figure 1: At-risk-of-poverty rate before and after taxes and social transfers among people aged 16–64, 2022
  • Figure 2: Proportion of people aged 16–64 brought above the poverty threshold after taxes and benefits, by self-reported economic status, EU, 2022 (%)
  • Figure 3: Social protection benefit expenditure, EU, 2012–2021
  • Figure 4: Social protection expenditure, 2012–2019
  • Figure 5: Unemployed people not receiving benefits or assistance, 2022 (%)
  • Figure 6: At-risk-of-poverty households receiving various types of benefits, EU and Member States, 2022 (%)
  • Figure 7: Minimum contribution record for higher-tier unemployment benefits, EU Member States, 2024
  • Figure 8: Duration of receipt of higher-tier unemployment benefits (months), EU Member States, 2024
  • Figure 9: Difficulty making ends meet among social exclusion or unemployment benefit recipients, by explanatory variable, EU, 2022 (marginal effect)
  • Figure 10: Can benefit applications be fully completed online? 2024
  • Figure 11: Difficulties receiving online social benefits during the pandemic, EU (%)
Number of pages
94
Reference nº
EF24001
ISBN
978-92-897-2425-8
Catalogue nº
TJ-01-24-003-EN-N
DOI
10.2806/0704651
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