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Six semaines de grève chez PSA

France
Du 28 février au 10 avril 2007, une longue grève s’est déroulée à l’usine d’Aulnay-sous-Bois du groupe automobile Peugeot Citroën (PSA). Minoritaire, la grève était le fait de 400 à 500 ouvriers d’un site comprenant 5000 salariés. Les revendications étaient élevées : 300 euros d’augmentation du salaire mensuel, départ en retraite à 55 ans, embauche des intérimaires. Après 6 semaines de grève, la reprise du travail a été votée à l’unanimité, en assemblée générale après quelques concessions de la direction assez éloignées des revendications initiales. Pourtant, la déception dans le camp des grévistes a été atténuée par le grand mouvement de solidarité qu’ils ont rencontré au cours de leur action.
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Du 28 février au 10 avril 2007, une longue grève s’est déroulée à l’usine d’Aulnay-sous-Bois du groupe automobile Peugeot Citroën (PSA). Minoritaire, la grève était le fait de 400 à 500 ouvriers d’un site comprenant 5000 salariés. Les revendications étaient élevées : 300 euros d’augmentation du salaire mensuel, départ en retraite à 55 ans, embauche des intérimaires. Après 6 semaines de grève, la reprise du travail a été votée à l’unanimité, en assemblée générale après quelques concessions de la direction assez éloignées des revendications initiales. Pourtant, la déception dans le camp des grévistes a été atténuée par le grand mouvement de solidarité qu’ils ont rencontré au cours de leur action.

Le contexte de la grève était particulier. Située en Seine Saint Denis, département de la couronne parisienne, l’usine avait connu en 1982 un conflit très important qui traduisait les relations sociales alors en vogue chez PSA, groupe souvent montré du doigt en raison de son recours aux milices patronales pour faire la traque aux militants de la CGT. Les changements survenus à la tête de PSA depuis les années 1990 ont modifié les modes de gestion des ressources humaines et introduit un dialogue social, certes imparfait, mais à l’unisson des autres entreprises de l’industrie. C’était en somme le premier grand conflit de cette nouvelle ère de gestion du personnel.

Un contexte électoral sensible

Le contexte était aussi celui de la campagne électorale française pour l’élection présidentielle. Tous les candidats de gauche et d’extrême gauche ont rendu visite aux grévistes qui incarnaient symboliquement la question des salaires. Les ouvriers au cœur du conflit n’étaient pas seulement des jeunes salariés passés par la précarité mais surtout des salariés stables de PSA dotés d’une certaine ancienneté. A l’appui de leur revendication, ils évoquaient le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) à 1500 € qui figurait dans les propositions préélectorales de plusieurs partis de gauche. Le conflit, enfin, a été alimenté par « l’affaire » du parachute doré de Noël Forgeard, PDG d’Airbus, remercié à la tête de l’avionneur franco-allemand. Ce départ, accompagné d’un fort dédommagement, a été mal perçu dans l’opinion publique qui a eu tôt fait de l’opposer à la situation salariale des ouvriers de PSA.

Un conflit difficile

La grève a démarré peu de temps après la signature d’un accord salarial avec cinq des six syndicats du groupe PSA en février. Celui-ci prévoyait 1,6 % d’augmentation des salaires, soit 26 € pour les plus bas salaires. Une grève chez Magneto, sous traitant de PSA opérant sur le site de l’usine d’Aulnay, avait débouché sur une augmentation de salaires de 100 €, 5 jours de congés supplémentaires et l’embauche en CDI de plusieurs intérimaires. Les ouvriers de PSA ont donc voulu faire de même, soutenus par la Confédération générale du travail, CGT, non signataire de l’accord salarial, et de Solidaire, unitaire, démocratique, SUD. Au lancement du conflit, les syndicats signataires au niveau du groupe (Confédération française démocratique du travail, CFDT, Confédération générale du travail – Force ouvrière, FO, Confédération française des travailleurs chrétiens, CFTC, Confédération française de l’encadrement – confédération générale des cadres, CFE-CGC, Groupement des Syndicats Européens de l'Automobile, GSEA) ont condamné l’action mais les syndicats de l’usine d’Aulnay (dont la CFDT) ont soutenu les grévistes au bout de quelques jours. Finalement, la direction n’a pas cédé sur les revendications mais a accepté certaines dispositions allégeant les charges salariales des ouvriers : meilleure prise en charge du coût des transports, baisse des prix des repas. Deux jours de grève ont été payés, les autres prélèvements ont été étalés dans le temps et une prime de 125 € a été versée à tous les salariés de l’usine.

Commentaire

Un grand mouvement de solidarité s’est traduit par une aide financière à laquelle se sont associés de nombreux salariés de PSA, non grévistes, mais soutenant le conflit devenu emblématique de la condition salariale ouvrière. La grève n’a pas été un succès au vu de ses résultats immédiats et de sa non extension, ni au sein du site d’Aulnay, où elle est toujours restée minoritaire, et encore moins au niveau du groupe PSA. Elle n’a pas été vécue cependant comme un échec, car elle a créé un mouvement d’intérêt et de solidarité parmi les nombreux salariés français qui partagent les préoccupations salariales exprimées par le conflit. Celui-ci résonne également avec les thèmes qui ont fait le succès du candidat Sarkozy lors de l’élection présidentielle qui se tenait au même moment.

Jean-Marie Pernot, Institut de recherches économiques et sociales

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